Général en chef de l’armée impériale russe : Hanibal (1696-1781)

Général en chef de l’Armée impériale russe,
Aïeul du poète russe, Alexandre Pouchkine !
Abraham Pétrovitch Hanibal

 
Parlant de son ancêtre, Pouchkine écrit : « Mon arrière grand-père fut enlevé à l’âge de huit ans des côtes africaines et conduit à Constantinople ». C’est là en effet que, devenu page du sultan ottoman Ahmed III, Abraham Hanibal sera racheté en secret par un riche marchand russe pour le compte du chancelier Golovine, confident du tsar Pierre 1er. Emmené en 1704 à la Cour impériale, converti à la religion russe orthodoxe, de filleul du tsar, il en devient le secrétaire particulier et le confident. Et le suivra également sur les champs de bataille. De 1717 à 1722, étudiant en France aux frais de l’empereur, il obtient un diplôme d’ingénieur militaire -expert en artillerie et en fortifications- et le grade de capitaine d’armée. Sa prodigieuse ascension dans la hiérarchie impériale commence dès son retour à Saint-Pétersbourg. Ses états de service sont éloquents : professeur de mathématiques et de génie militaire en 1724; un temps précepteur de mathématiques du futur empereur Pierre II; général major en 1742; directeur technique des armées, chargé du contrôle de la formation des officiers ingénieurs en 1752; général des ingénieurs en 1756; puis général en chef de l’armée impériale russe en 1759; il se voit décerner les plus prestigieuses décorations. Anobli et fait chevalier, il reçoit en cadeau des domaines comprenant villages et serfs, qu’il saura faire fructifier pour laisser à ses descendants une estimable fortune. Son succès dans la réalisation de l’ouvrage pharaonique du canal de Cronstadt le désigne tout naturellement comme le Vauban1 russe1. En outre, il introduit l’enseignement de l’architecture civile dans les écoles du Génie et crée le premier hôpital pour ouvriers. Son éblouissante carrière ne lui vaut pas que des amis : à la mort de Pierre le Grand en 1725, il est exilé dans le goulag sibérien par le prince Menchikov et n’en sortira que grâce à l’intervention de l’impératrice Anne, qui monte sur le trône trois ans plus tard. Mais c’est sous le règne de l’impératrice Elisabeth (1741-1761) qu’il deviendra l’une des personnalités les plus importantes de l’Empire russe.

Marié pendant 45 ans à une aristocrate suédoise, Christine-Régine de Schoëberg, père de sept enfants, Hanibal2, qui avait accolé ce nom à celui de sa naissance, Abraham, meurt à 85 ans, le 20 avril 1781.

Plus que du talent, il en aura fallu du génie et des qualités humaines remarquables à ce « Chevalier noir dans la Russie des tsars » pour réussir à occuper, malgré le racisme de l’époque, des fonctions aussi importantes en Europe au XVIIIe siècle.

 
Sources :

  • Jeune Afrique, no 1851 du 28 juin au 21 juillet 1996. Article de J.-C. Perrier, « Hanibal, le général nègre du tsar ».
  • http://africamaat.com René-Louis Parfait Etilé, ingénieur, Égyptologue.


1 Maréchal de France; Commissaire général des fortifications (1678)
2 En hommage au général niquitéord-africain de l’Antiquité