Résidants de Chambon-sur-Lignon

Terre d’hospitalité et de refuge depuis des siècles…
<< Il est des lieux où souffle l’esprit >>
 
Chambon-sur-Lignon
(Département de la Haute-Loire, en Auvergne)
 

Dans la région montagneuse du Sud de la France, Chambon-sur-Lignon et la région de Chambon sont devenus le symbole de l’accueil collectif1 des réfugiés durant la Deuxième Guerre mondiale. Abritant des enfants juifs, parfois des familles entières, également des maquisards, les résidants ont, au péril de leur vie, réussi à soustraire des griffes de la Gestapo des milliers de personnes. Ces miraculés sont restés cachés jusqu’à la fin de l’Occupation; d’autres ont pu traverser la frontière suisse. Certains de ces rescapés sont revenus en 1979 poser une plaque commémorative au cœur du village de Chambon-sur-Lignon en « hommage à la communauté protestante de cette terre cévenole, et à tous ceux entraînés par son exemple, croyants de toutes confessions et non croyants (…), qui ont fait bloc contre les crimes nazis ».

Village de 2 800 habitants, ancien haut lieu huguenot, Chambon vit, aux heures sombres, son temple transformé en quartier général de la résistance. Grâce à l’implication très active des pasteurs, sensibilisés bien auparavant par les questions d’antisémitisme et de totalitarisme, les villageois et les paysans des campagnes furent appelés à résister par « les armes de l’esprit »2, c’est-à-dire à obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ! Ainsi, dans ce petit coin de France, des fermiers, artisans, éducateurs, notables, guidés par leurs pasteurs, appliquèrent, en toute modestie mais avec une foi immense, la devise inscrite au fronton du temple protestant en face de la cour de l’école : « Aimez-vous les uns les autres ».

La région de Chambon ne sortira pas indemne de son engagement, puisqu’elle ne pourra éviter, malgré cette conspiration du Bien, l’arrestation et la déportation de réfugiés, de résistants, de bienfaiteurs de l’humanité. Il reste toutefois que, selon Yad Vashem : Nulle part ailleurs les Juifs ne furent accueillis et sauvés en aussi grand nombre et avec pareille générosité.

C’est cette action humaniste que vint solennellement souligner le président de la République française, Jacques Chirac, le 8 juillet 2004 à Chambon-sur-Lignon.

Sources :



1 Aux habitants de Chambon-sur-Lignon et des communes voisines, Yad Vashem, mémorial israélien de la Shoah, a décerné collectivement la médaille de Justes des Nations le 5 septembre 1988. (Attribution unique en France, un seul cas semblable recensé dans l’Europe occupée : Nieuwland aux Pays-Bas.)

2 Titre du long métrage documentaire réalisé en 1989 par Pierre Sauvage, lui-même né et protégé dans la région de Chambon.