Mozart noir : Joseph Boulogne, dit Chevalier de Saint-Georges (1745-1799)

Violoniste virtuose et compositeur de la fin du XVIIIe siècle
Surnommé le Mozart noir par ses pairs…

 
Joseph Boulogne, chevalier de Saint-Georges et premier franc-maçon noir de France, est né en Guadeloupe d’un noble français et d’une esclave. Vers 1752, son père l’emmène en France où il étudie la musique : le violon avec Jean-Marie Leclair (considéré aujourd’hui comme le fondateur de l’école française de violon) et la composition avec François-Joseph Gossec (le premier à diriger les œuvres de Haydn en France). Grâce à Gossec, Saint-Georges entre en 1769 comme premier violon au « Concert des Amateurs » (société qui commandait, exécutait et faisait imprimer des œuvres) et entame une carrière de soliste de violon en 1772-1773, exécutant ses propres concertos. Succédant au maestro, il devient chef d’orchestre de cet ensemble qui, en 1775, est désigné comme meilleur orchestre symphonique à Paris. Cette année-là, la reine Marie-Antoinette le choisit comme directeur de musique et le roi le nomme directeur de l’Opéra de Paris : poste qui suscitera des réactions xénophobes tenaces de la part de certains membres de cette institution réputée. En 1781, Saint-Georges fonde et dirige les « Concerts de la Loge Olympique ».

Menant parallèlement une carrière militaire, reconnu comme l’un des meilleurs escrimeurs d’Europe, il devient cavalier de la Garde du Roi à 21 ans ; puis dirige en 1792 une armée de mille volontaires de couleur : « la Légion des Hussards américains », prêts à se battre pour la Révolution et les idéaux égalitaires; parmi eux, le père du célèbre Alexandre Dumas, auteur, entre autres, des Trois Mousquetaires. Après s’être retourné contre les monarchistes, Saint-Georges joint les rangs de la Révolution haïtienne. Puis revient à Paris en 1797 et reprend ses activités musicales, dirigeant le « Cercle de l’Harmonie », société de concert établie au Palais-Royal. Ses dernières années seront malheureusement assombries par la solitude et la maladie : il mourra de gangrène, conséquence d’une blessure contractée lors de son combat pour la Révolution.

Ce génie de la musique classique, excellent violoniste, chef d’orchestre reconnu, encensé par la presse, a écrit des concertos pour violon, des symphonies, des quatuors à cordes, etc. Adopté par la noblesse française, il a été un musicien très en vogue à la fin du XVIIIe siècle.

Signe des temps, une rue de Paris dénommée « Richepance » -du nom du général qui rétablit l’esclavage dans les Antilles en 1802 sur l’ordre de Bonaparte- a été rebaptisée, en décembre 2001, rue Chevalier de Saint-Georges.

 
Sources :

  • Africlassical.com
  • Jean-Claude Halley. Association pour l’étude de la vie et de l’oeuvre du Chevalier de Saint-Georges
  • TV5