Premier diplômé noir de Yale : Edward A. Bouchet (1852-1918)

Premier Noir à obtenir un diplôme de l’Université de Yale

 
Admis à l’Université de Yale en 1870, Edward A. Bouchet, fils d’anciens esclaves, étudie les mathématiques, la physique, l’astronomie, la mécanique, la logique, la rhétorique et cinq langues parmi lesquelles le latin et le grec. Premier Afro-américain à obtenir un diplôme de Yale en 1874, avec la mention « summa cum laude« , premier Noir sélectionné au Phi Beta Kappa, l’un des plus anciens et des plus prestigieux cercles d’excellence académique (il y sera élu en 1884), Bouchet devient aussi le premier homme d’ascendance africaine à obtenir en 1876 un Ph.D., toutes disciplines confondues, dont un doctorat de physique avec une thèse intitulée « Sur la mesure des indices de réfraction ». L’étudiant surdoué se classe 6e parmi les 20 premiers Américains, dix ans seulement après l’abolition de l’esclavage !

Ce tout premier physicien noir de l’ère moderne fut ostracisé par le milieu universitaire, seul Américain à n’avoir jamais réussi à enseigner dans une université, malgré ses nombreuses qualifications. Durant 26 ans, il enseigne la physique et la chimie à l’Institut pour la Jeunesse de Couleur à Philadelphie, puis travaille dans divers États avant de retourner à New Haven, Connecticut, sa ville natale, où il meurt le 28 octobre 1918.

Et ce n’est que justice si la Société Américaine de Physique – la plus puissante organisation de physiciens aux Etats-Unis – a institué en 1996, en hommage au physicien, le Prix « Edward A. Bouchet Award » dédié aux plus brillants étudiants des minorités dans le domaine de l’enseignement et la promotion de la physique. « Il est certainement impossible de mesurer la très profonde influence qu’il exerça sur les centaines de personnes qu’il a croisées dans sa vie », résumera l’un de ses anciens élèves en contemplant le portrait d’Edward Bouchet affiché dans la prestigieuse Université de Yale.

L’Edward Bouchet – Abdus Salam1 Institute (EBASI), créé conjointement par des physiciens africains et afro-américains en collaboration avec le Centre International Abdus Salam de Physique Théorique (co-financé par l’UNESCO), permet justement de sortir ce génie de l’ombre. Situé à Trieste, en Italie, l’Institut s’est donné entre autres objectifs de renforcer l’impact de la recherche en physique pour le développement durable en Afrique et de stimuler l’engagement des étudiants africains dans des études doctorales en physique. Par ailleurs, EBASI organise périodiquement en Afrique un cycle international de conférences2 « The Edward A. Bouchet International Conference », afin de renforcer la collaboration académique entre les physiciens africains et leurs homologues afro-américains.
 
Sources :

 


1 Prix Nobel de physique pakistanais
2 Des conférences Edward A. Bouchet ont par exemple eu lieu à Accra (Ghana) en 1990, à Gaborone (Botswana) en 1998, à Cotonou (Bénin) en 2001, à Hammamet (Tunisie) en 2003.