Joseph Arthur, comte de Gobineau (1816-1882)

Diplomate (en Perse, Grèce, Brésil et Suède), écrivain et penseur français

Il doit sa renommée posthume à la large diffusion de son
Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855).

Gobineau est aussi considéré comme l’un des pères européens de la culture raciste.

Comment a-t-il contribué au racisme anti-Noirs ?

Dans son « Essai sur l’inégalité des races humaines » paru en quatre volumes de 1853 à 1857, souvent réédité, fortement documenté et appuyé d’une immense culture livresque, cet homme du monde prétend que toute civilisation découle de la race blanche1, aucune ne peut exister sans le concours de cette race.

Gobineau, l’inventeur d’un racisme de couleur à la française, considère que le sang européen a positivement modifié la nature africaine des mulâtres des Caraïbes. « Ces hommes, disait-il, pourraient, fondus dans une masse blanche, et avec de bons modèles constamment sous les yeux, devenir ailleurs des citoyens utiles2 ». À l’inverse, les Nègres des Caraïbes « subissent encore l’influence entière de l’Afrique; leur suprême joie, c’est la paresse; leur suprême raison, c’est le meurtre3 ». Toujours selon Arthur de Gobineau, au sens politique, la démocratie, qui favorise les mélanges entre les races au nom de l’égalité universelle, est responsable du déclin de l’humanité et de la disparition de la pureté de la race blanche : la pureté et la supériorité de la race incarnée dans les « Aryens ».

Avec le thème de la pureté de race inventée par la France, le terme de race qui s’appliquait auparavant à l’esclavage devenait dorénavant un atout pour tous les nationalistes. « Promu de son vivant au rang de gloire nationale, Gobineau tint un discours qui fut abondamment relayé dans l’opinion publique -tout comme ceux de ses confrères Ernest Renan, Jules de Soury et Paul Broca- et partagé, de la gauche à la droite, par la plupart des hommes politiques4 ».


1 Selon François Lebas (Directeur de recherche honoraire de l’INRA), « une race est généralement considérée comme une collection d’individus ayant en commun un certain nombre de caractères morphologiques et physiologiques qu’ils perpétuent lorsqu’ils se reproduisent entre eux… » (Hominidés)
2 Essai sur l’inégalité des races humaines par Arthur de Gobineau, Paris, Firmin-Didot et Cie, Imprimeur-Éditeur, T.II.
3 Idem
4 Pierre-André Taguieff « En termes de races »; Revue mensuelle, L’Histoire, Paris, Éditée par la Société d’éditions scientifiques, 1997, vol., numéro 214, octobre. / Joël Cornette, « Préhistoire de la pensée raciste »