Jean-François Champollionn (1790-1832)

Égyptologue français
 
Jean-François Champollion
(1790-1832)
 

Ce grand humaniste, au sens noble du terme, et premier décrypteur des hiéroglyphes égyptiens, déclara : « Je le répète encore; l’art égyptien ne doit qu’à lui-même tout ce qu’il a produit de grand, de pur et de beau, et, n’en déplaise aux savants qui se font une religion de croire fermement à la génération spontanée des arts en Grèce, il est évident pour moi, comme pour tous ceux qui ont bien vu l’Égypte ou qui ont une connaissance réelle des monuments égyptiens existants en Europe, que les arts ont commencé en Grèce par une imitation servile des arts de l’Égypte, beaucoup plus avancés qu’on ne le croit vulgairement, à l’époque où les colonies égyptiennes furent en contact avec les sauvages habitants de l’Attique ou du Péloponnèse. La vieille Égypte enseigna les arts à la Grèce, celle-ci leur donna le développement le plus sublime; mais sans l’Égypte, la Grèce ne serait probablement pas devenue la terre classique des beaux-arts. Voilà ma profession de foi tout entière sur cette grande question. Je trace ces lignes presque en face des bas-reliefs que les Égyptiens ont exécutés, avec la plus grande finesse de travail, 1700 ans avant l’ère chrétienne. Que faisaient les Grecs alors? »1.

(…) « À Karnac m’apparut toute la magnificence pharaonique, tout ce que les hommes ont imaginé et exécuté de plus grand (…) Il suffira d’ajouter, pour en finir, que nous ne sommes en Europe que des Lilliputiens et qu’aucun peuple ancien ni moderne n’a conçu l’art de l’architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose, que le firent les vieux Égyptiens; ils concevaient en hommes cent pieds de haut, et nous en avons tout au plus cinq pieds huit pouces. L’imagination qui, en Europe, s’élance bien au-dessus de nos portiques, s’arrête et tombe impuissante au pied des cent quarante colonnes de la salle hypostyle de Karnac 2».



1 GEO, Jean-François Champollion, Lettres et Journaux du voyage en Égypte. Photographies Hervé Champollion, Préface de Christiane Ziegler, Éditions Ailleurs/Art&Images, France, 2001.

2 Dans la vallée de Biban-el-Molouk, Champollion découvre un bas-relief du pharaon Ousiréï 1er. La fresque murale, datant du 16e siècle avant J.-C., montre les grandes divisions géographiques ou ethnographiques, c’est-à-dire les habitants de l’Égypte et ceux des contrées étrangères selon leur degré de civilisation : ainsi les Égyptiens et les Nubiens sont représentés de façon identique comme pour souligner leur origine ethnique commune (habillement, chevelure); puis viennent les Sémites et les Asiatiques; enfin les Européens qui, à cette époque reculée, avouons-le, faisaient piètre figure dans ce monde. Il faut entendre ici tous les peuples de race blonde et à peau blanche, habitant non seulement l’Europe, mais encore l’Asie, leur point de départ. (Source : Champollion-Figeac, Égypte ancienne, coll. L’Univers, 1839)